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iv
Introduction

En cel estat, en ce deduit,
375Fui je a Ortais un lonc tempoire ;
Et quant j’oc tout parlit l’istoire
Dou chevalier au soleil d’or
Que je nomme Melyador,
Je pris congié, et li bons contes
380Me fist par la chambre des contes
Delivrer quatre vins florins
D’Arragon, tous pesans et fins,
Des quels quatre vins les soissante,
Dont j’avoie fait frans quarante,
385Et mon livre qu’il m’ot laissié,
Ne sçai se ce fut de coer lié,
Mis en Avignon sans damage[1].

Des deux témoignages que nous venons d’emprunter à Froissart lui-même, il ressort clairement que le roman de Meliador avait été composé à la demande de Wenceslas de Bohême, duc de Luxembourg et de Brabant, et que son auteur y avait enchâssé toutes les poésies lyriques de ce prince. Il en résulte aussi que le livre n’était pas terminé lors de la mort de Wenceslas en 1383 et qu’il présentait un certain développement, puisqu’à raison de « sept feuilles » par veillée, la lecture qu’en fit Froissart à Gaston Phébus n’avait pas duré moins de dix semaines[2]. Mais jusqu’à ces dernières années,

  1. Œuvres de Froissart, édition de l’Académie royale de Belgique, tome II des Poésies, pp. 228–231.
  2. C’est-à-dire soixante-dix jours environ, ce qui semble indiquer que l’exemplaire lu par Froissart au château d’Orthez se composait de 500 feuilles en chiffre rond. Il est donc probable que « feuille » doit être pris ici au sens de « page » et que le