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Analyse de Méliador

absolu désintéressement et n’imposent jamais au vaincu qu’un seul engagement : celui de ne plus combattre avant d’avoir fait, à la cour du roi Artus, le récit public de sa défaite. L’épisode de Sagremor, retenu par trois fées en un séjour enchanté, est à rapprocher de l’aventure de Roger, victime des enchantements d’Alcine[1]. Enfin, comme pour rendre la ressemblance parfaite entre les romans dont Cervantès a fait la satire et le poème de Froissart, on trouve dans celui-ci aussi bien que dans ceux-là cet amusant détail du guetteur qui, par une sonnerie de trompette, avertit les habitants du château de l’imminente arrivée d’un chevalier[2].


II. — Les deux manuscrits
et les deux rédactions du roman
.

Ainsi qu’on l’a vu plus haut, on connaît aujourd’hui deux manuscrits de Meliador, ou plus exactement quatre feuillets d’un premier exemplaire et un exemplaire quasi complet de ce poème de Frois-

  1. Orlando furioso, canti vivii.
  2. Meliador, vers 3824–3830. Comparez ce passage de l’œuvre immortelle de Cervantès : « En esto sucedió acaso que un porquero que andaba recogiendo de unos rastrojos una manada de puercos (que sin perdon así se llaman), tocó un cuerno, á cuya señal ellos se recogen, y al instante se le representó á Don Quijote lo que deseaba, que era que algun enano hacia señal de su venida. » (El ingenioso hidalgo Don Quijote de la Mancha, prim. parte, cap. ii.)