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Introduction

Le manuscrit principal du roman se termine aujourd’hui au moment où l’auteur va nommer le duc Wenceslas de Luxembourg, à la prière duquel il avait écrit cette œuvre. On a donc à déplorer la perte de la fin des aventures de Sagremor, dont Froissart s’était engagé à reprendre le récit après la conclusion de la quête. Suivant toute apparence, le jeune chevalier était le héros du tournoi de Camalot et, uni enfin à Sébille, remontait sur le trône d’Irlande. C’est certainement à cette partie du poème que se rapporte le quatrième des fragments du manuscrit A dont nous croyons devoir donner une rapide analyse :

Pesagus, dont l’amie a été enlevée par deux chevaliers qui lui ont aussi ravi ses armes, raconte à Sagremor la mésaventure dont il est la victime. Le jeune chevalier irlandais offre son aide à Pesagus qui, l’ayant acceptée, sonne du cor pour défier les ravisseurs, Sagremor les rencontre, tue l’un et laisse l’autre en mauvais point. Pesagus recouvre ainsi son amie et celle-ci, reconnaissante, offre à son sauveur l’hospitalité en sa maison du Haut-Manoir.



La lecture de Meliador donne exactement l’impression de l’un de ces romans de chevalerie qui troublèrent la cervelle de Don Quichotte. De même que les livres composant la bibliothèque du bon hidalgo, il renferme le récit de prouesses de chevaliers errants, et cette expression même de « chevalier errant » y est couramment employée pour désigner Méliador et ses émules. On ne voit d’un bout à l’autre de l’ouvrage, que chevaliers rêvant à la conquête d’une princesse qui les appellera à partager son trône. Toujours prêts à défendre l’innocence opprimée en la personne d’une jeune et belle héritière, ils se montrent après la victoire d’un