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Introduction

de Florée, en lui remettant à l’adresse d’Hermondine une lettre avec un rondeau que la princesse d’Écosse se hâte d’apprendre et apprend ensuite à sa cousine (v. 25160).

Dans le même temps, Dagor conduisait Sagremor à la cour du roi Artus et, chemin faisant, enseignait au jeune prince tous les devoirs d’un parfait gentilhomme. À une petite journée de distance de Carlion, il rencontre un chevalier northumbrien, qu’accompagnait une belle et gracieuse damoiselle, son amie, et qui témoigne le désir de jouter avec lui. Dagor y consent ; mais Sagremor, craignant un accident qui ne permette point à son compagnon de remplir la mission dont il est chargé, conseille à la damoiselle d’intervenir pour arrêter le combat, après une passe d’armes demeurée sans résultat, et les deux champions accèdent au désir de celle-ci. Enfin, Dagor et Sagremor arrivent à Carlion et obtiennent une audience du roi Artus. Le chevalier irlandais fait au monarque breton le récit de ses aventures et le prie de vouloir bien accueillir le jeune prince qui vient à sa cour pour y apprendre le métier des armes. Le roi y consent avec plaisir, présente Sagremor à la reine Genièvre et, peu après, il donne une fête militaire au cours de laquelle l’héritier du trône d’Irlande devient chevalier (v. 25812).

Sagremor jouit de la faveur d’Artus et passe gaîment son temps, tantôt auprès du roi, tantôt auprès de la reine. Une très jeune damoiselle, Sébille, l’héritière de Montmille en Northumberland, captive bientôt le cœur du prince d’Irlande qui se hasarde un jour à lui dire son amour et ne réussit qu’à effrayer et à rendre plus circonspecte la naïve enfant qui jusque là s’ébattait en toute innocence avec lui. Frappé du changement que présente désormais l’humeur du nouveau chevalier et ne pouvant lui en faire avouer la cause, Dagor lui reproche son inaction et le presse de courir les aventures. Il apprend alors de Sagremor la cause de sa préoccupation. Cependant le jeune prince est plus que jamais rempli de la pensée de Sébille : il se lamente