Page:Froissart - Méliador, tome 1.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xxx
Introduction

cité, il répète les deux rondeaux qu’il a retenus pour les avoir ouï chanter par Phénonée. Il rappelle aussi sa rencontre avec Lionnel et comment le récit que fit celui-ci à Bertoulet le détermina à se présenter devant l’objet de son amour. Les deux cousines se consultent de nouveau, et Phénonée se montre fort disposée à accueillir favorablement la requête d’Agamanor, mais Lucienne ne l’entend pas encore ainsi : elle déclare que le Chevalier Rouge devra prouver sa vaillance en luttant contre deux chevaliers éprouvés. En attendant le jour fixé pour le combat, Agamanor va rejoindre Bertoulet, tandis que Phénonée ne se rassasie pas de contempler les deux tableaux qu’il a peints pour elle (v. 21831).

Lucienne dépêche immédiatement un messager dans les îles de Cornouailles, afin de mander Morphonet et Abiace, les deux chevaliers qu’elle veut opposer à Agamanor et qui devront se rendre aussitôt à son appel, pour se mesurer, dit-elle, avec un chevalier qui a prononcé de regrettables paroles. Le combat a lieu au jour convenu : Agamanor tient vaillamment tête à ces deux adversaires réunis ; il blesse grièvement Abiace à l’épaule et, plein de courtoisie envers Morphonet qu’il a désarmé, il lui permet de ramasser son épée. Phénonée et Lucienne essaient alors d’arrêter le combat, mais Agamanor, voyant Morphonet prêt à continuer la lutte, refuse d’abandonner le terrain avant son adversaire. Enfin, après de nouvelles passes d’armes, il doit céder aux instances des deux dames qui lui décernent l’honneur de la journée. Abiace reçoit alors les soins de Lucienne, et l’on rentre au manoir où Agamanor et Morphonet prennent place au dîner en face de Phénonée et de sa cousine (v. 22425).

Après le dîner, Lucienne laisse au Chevalier Rouge toute liberté d’entretenir Phénonée de ses sentiments. Tout en reconnaissant le mérite de son adorateur, la fille du duc de Cornouailles répond qu’elle ne peut accorder son amour à un chevalier dont elle ignore l’origine et le nom : elle le