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Méliador

« Se j’en veoie la samblance,
« J’en vaudroie grandement mieus ;
8435 « Et toutes fois, si m’aÿt Diex,
« Puisque tant parlé en avés,
« Damoiselle, savoir devés
« Que j’en sui forment resjoïs,
« Et s’en soiiés segure et fis
8440 « Que li souvenirs de la belle
« M’en fera tenir en la selle
« Plus fricement en tous estas.
« Mais je vous pri sur tous debas,
« Voires, se priiés vous en ose,
8445 « Que vous voelliés faire une cose. »
« — Quele ? » ce respondi Florée. f. 62 c
— « C’une cancon soit chi cantée
« En l’onneur de vostre cousine. »
Et Florée, qui lors s’encline
8450 A la priiere de celi,
Moult doucement li respondi :
« Sire, je vous tieng pour mon hoste.
« Se n’est pas drois que je vous oste,
« Ne faire ne voel a nul fuer,
8455 « Le jolieté de vo cuer,
« Et je canterai volentiers,
« Car ce me samble uns biaus mestiers
« Et qui bien affiert a telz gens
« Que vous estes, courtois et gens. »
8460 Adonques commença Florée,
Par joieuse et lie pensée,
.I. rondelet biel et plaisant.
Le dit orés, non pas le chant.
Ce poise moy que ne le say,
8465 Mais le dit mieus retenu ay
Que le chant ; pour tant vous l’orés
Et puis apriès en jugerés.
Elle dist qu’elle le chantoit