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Méliador

« Se cestes vous sont trop pesandes,
« Si vous confortés au besoing,
8195 « Et si me dittes en quel soing
« Vous estes entrés maintenant. »
Respont Melyador errant :
« Je vous diray, ma damoiselle,
« Je tieng a si grande et si belle
8200 « L’aventure que j’ai trouvée
« C’onques cose ne me fu née
« Mieus a point, comme voir est ceste,
« Et en fai en mon coer grant feste,
« Pour tant que cilz amis se claime
8205 « A vostre cousine que j’aime
« Et ay amé sanz nulz faulz tour,
« Telement, puis l’eure et le jour
« Que je vi pourtret son image,
« Que je n’ai ailleurs mon corage. f. 60 d
8210 « Or est si, com ce dittes vous,
« Chevaliers tres vaillans sur tous,
« Preus, hardis, et entreprendans
« Et li mieudres de ces .ii. ans,
« Qui ait courut a vo semblance.
8215 « Mais dittes moy, par vo plaisance
« S’il fu au tournoy de la Garde. »
Et Florée qui le regarde,
Li dist : « Nennil, mais il en fu
« Trop courouciés en son argu,
8220 « Et si s’en mist en tres grant painne
« De l’aler, c’est cose certainne.
« Mais onques ne m’i assenti,
« Dont de puis je m’en repenti
« Et repenc encor, quant j’i pense,
8225 « Car je vi la en ma presence
« Des bons chevaliers faire otant
« D’armes, c’onques en mon vivant
« J’en vi ne en oÿ parler. »