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Méliador

Ce dist tantost li chevaliers,
« Tres ors vis garçons lavendiers,
4840 « Qu’en monte il a vous dou savoir ?
« Se je cuidoie honneur avoir
« A vous batre par ces .ii. mains,
« Vous n’en porteriés mies mains.
« Finés de ci tantost en l’eure,
4845 « Ou mal ira de vo demeure. »
Adont la pucelle s’escrie
Et dist : « Ha ! frans varlès, aÿe !
« Se vous avés signeur ne mestre,
« De lui m’en devera bien nestre
4850 « Aucune bonté au jour d’ui.
« Vous veés en quel point je sui
« Par ce faulz traïteur mauvais
« C’amer ne poroie jamais,
« Car il m’a faussement emblée f. 37 a
4855 « Chiés mon peré et priès violée. »
Et quant Manesiers l’entendi,
Son cor sonne, plus n’atendi,
Et se part d’illuech bien montés.
Gratiens, en qui fu bontés,
4860 Honneur, force et chevalerie,
Broce parmi la praerie
Et s’en vient droitement au son
De son varlet qui, par raison,
En sonnant le cor moult le coite.
4865 Li chevaliers si bien s’esploite
Qu’il vient la, ne plus il ne targe,
Le glave ou poing, ou col la targe,
Bien armés et faiticement,
Pour faire .i. grant commencement.
4870 Sitost qu’il fu mis ou chemin,
Il descendi de son roncin.
Ses escuiers errant li baille
Son coursier ; il monte sans faille.