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Méliador

Ceste queste commencera
Dedens tel jour qui tost venra.
Il commence tous a fremir,
3235 Ne par nuit il ne poet dormir.
En son lit se tourne et retourne,
Et en retournant telz s’atourne
Qu’il couvient briefment qu’il descuevre
A .i. sien escuier ceste oevre,
3240 Li quels Lansonnès a a nom.
Une heure le met a raison
Et dist : « Lansonnet, vien avant.
« Je t’ai trouvé loyal servant,
« Ja des anées plus de trois,
3245 « Secré, discré, bon et courtois,
« Et pour ce te voel remoustrer
« A present ores mon penser.
« Amours, qui voet que des siens soie,
« M’a trop fort bouté en le voie
3250 « De penser a celle Hermondine
« Et, puis que cel estat m’encline
« Et que j’en ay le souvenir,
« Je le voel laiier couvenir
« De moy, car pour quoi c’est tous biens.
3255 « Jones chevaliers ne vault riens
« S’amours ne le fait et avance.
« Je ne puis faillir a chavance
« Que je n’aie toutdis assés, f. 25 b
« Et se cilz temps estoit passés,
3260 « Ou poroiie aultre recouvrer ?
« Mais feroie a deshonnourer
« Plus que nulz homs de mon eage,
« Se par deffaute de corage
« Je refroidoie mon desir.
3265 « Certes j’ay plus chier a morir