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Méliador

Et le veoit jone et gentille,
Sage en maintien et en arroi,
1645 Si disoit : « Ma fille, je croy,
« Vous avés cause et j’ay grant tort,
« Mais on me prie si tres fort
« De vous, que j’en suis tous honteus
« D’escondire a .i. ou a deus
1650 « Filz de roy qui sont mi voisin,
« Et mes gens sont a ce enclin
« Que pour pais et amour nourir
« Je vous vosisse a l’un plevir.
« C’est la cause qui m’en resveille
1655 « Et pour coy je vous en traveille ;
« Mais as prians responderai
« C’oultre vo gré riens n’en ferai. »



Hermondine ensi s’escusoit,
Qui Florée pas n’acusoit
1660 De son message envers son pere,
Mais tenoit bien ceste matere
Secrée et sa cousine ossi. f. 13 c
Jamais ne li euist, ensi
Que li fais aloit, recordé
1665 Comment Camelz, par le corps Dé,
A juret qu’il l’ara a femme,
Ou il fera damage et blame
A Florée ditte devant.
Nennil. Elle seroit avant
1670 Tout son eage a marier,
Ce voet elle bien affremer,
Que cilz secrés fust ja sceüs,
Ne de son pere cogneüs.
Bellement s’en porte et s’en cuevre,
1675 Mais hardiement s’en descuevre
A Florée quant vient a point,