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Méliador

« Que mon pere finablement
1540 « Fu pris et mort cil de sa route.
« Depuis m’en a mis a grant doubte,
« Car il disoit qu’il l’ociroit,
« Et tous les jours le me mandoit
« Par qui que fust en mon castiel,
1545 « Voires, se je a son appiel
« Ne voloie dou tout descendre.
« Cousine, il me couvint entendre
« A ses trettiés. g’i entendi
« Briefment. Il m’envoie a vous ci,
1550 « Et dist c’avoir vous voet a femme.
« S’il ne vous a, il jure s’ame
« Que il occira mon chier pere.
« Il est bien de tele matere,
« Que, s’au retour je ne li porte
1555 « Aucune riens qui le conforte,
« Il le fera sans nul respit,
« Car il a pris en grant despit
« Ce qu’il ne sceut vo departie.
« Sus cel estat me sui partie,
1560 « Que je li ay juré, pour voir, f. 12 d
« Que j’en ferai tout mon pooir.
« Ensi va com je vous devis.
« Si en avés sur ce avis. »



Quant Hermondine au corps parfait
1565 Ot sa cousine qui li fait
Telz recors, s’en fu esbahie.
Nonpourquant, com bien consillie,
Respondi et li dist ensi :
« Pour voir ceste matere ci,
1570 « Ma cousine, qui est si grande,
« Conseil de .xv. jours demande.
« Vous demorrés par dalés moy.