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Méliador

Parlerai, car forment il touce.
Lorsque Florée fu venue,
1505 Hermondine, bien pourveüe
De parler, se li demanda :
« Ma cousine, comment vous va ?
« Que fait mon oncle ? Est il hetiés ? »
Respont Florée : « Uns grans meschiés
1510 « Li est soudainnement venus
« En vo nom, et ne l’en poet nulz
« Delivrer, fors vous seulement. »
— « Pour moi ! » — « Voires, certainnement. »
— « Et dont vient, ce dittes le tos. »
1515 Et Florée reprent ses mos,
Et dist : « Volentiers, ma cousine,
« Cilz Camelz a la male estrine,
« Qui l’autrier vous tramist la lettre,
« Nous poet en trop grant dangier mettre,
1520 « Car mon pere tient en prison,
« Et se n’i scet autre raison
« Dire, ne aleghier ossi,
« Hors tant qu’il moustre et dist ensi
« Qu’il vous aime si ardanment
1525 « Que durer ne poet nullement,
« Se de vous n’est reconfortés, f. 12 c
« Et de ce est tous enhortés
« Que deça estes retournée.
« Sitost que il sceut la journée
1530 « Que partesites de Montgriès,
« Il vint courir sur nous si priès
« Qu’il occist no gent a no porte.
« Mes peres, en cui pas n’est morte,
« Encores grant chevalerie,
1535 « Issi hors et sa compagnie,
« Et cuida son honte vengier.
« Mais Camelz le vint calengier
« Et le combati telement,