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Méliador

950 Au parler, si l’en scet grant gré,
Et dist : « Il nous faut en secré
« Tenir tout ce, belle cousine.
« Bien avoie veü le signe
« De ce chevalier l’autre fois,
955 « Messire Camel de Camois,
« Qu’il avoit assis son avis
« Sur vous ; en veci le devis
« Tout ensi que je le pensoie.
« Or fault en avant que je soie
960 « Moult songneuse de ce chastiel.
« Plus n’irons dedens ce praiel
« Esbanoiier pour les perilz,
« Car par trop est outrageus cils
« Chevaliers qui vous voet amer ;
965 « La ne me poroie acorder.
« Il n’est pas parelz contre vous,
« Siques, cousine et fins coers doulz,
« Ne pensés a lui nullement. »
Et ceste respont bonnement :
970 « Ma cousine, ossi ne ferai,
« Ne nulle volenté n’en ay.
« Je vous crerai, car c’est raison,
« Quant je demeure en vo maison. »



Florée n’est pas a son aise,
975 Pour voir, comment qu’elle se taise,
Car les perilz trop fort ressongne
Dou chevalier dont elle a songne,
Pour ce que outrageus le sent
Et homme de grant hardement.
980 Volentiers veroit sans reproce
Que ses oncles, li rois d’Escoce,
Euist sa fille en son paÿs. f. 8 c
Ne demora puis des jours .vi.