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Méliador

785 Et dist : « Signeur, j’ai une lettre
« C’uns chevaliers pot l’autrier mettre
« Ciés moy et laissier en ce nom,
« Qui s’adrece en ceste maison,
« Et me pria trop grandement
790 « Que je volsisse temprement
« Cestre lettre ci apporter.
« Adont li alai demander
« A qui ceens la bailleroie
« Et que volentiers je feroie
795 « Son message sans nul dangier,
« Ensi que pour lui adrecier.
« Il me dist, et se m’en fist signe,
« Qu’elle venoit a Hermondine,
« La fille au roy Hermont d’Escoce.
800 « Je ne sçai mie s’elle ot ce,
« Mais saciés que je di tout vrai.
« Ceste lettre vous baillerai
« Et vous li baillerés ossi.
« Mais d’une cose je vous prie,
805 « Que ce soit en sus de vo dame,
« Car cilz par qui je l’ai, par m’ame,
« Me pria moult estroitement
« Qu’elle l’euist secretement,
« Car nouvelles de son pays
810 « Y a grandes, j’en suis tout fis. »
Et cil respondirent en l’eure :
« Sires, jettés les par deseure f. 7 b
« Ces mures, nous li baillerons,
« Et tout ensi nous li dirons
815 « Que recordé nous avés ci. »
— « Voires, signeur, je vous en pri,
« Dittes li que si bien s’esconse
« C’a nullui n’en face response
« Fors a moy, car li chevaliers
820 « Les ora trop plus volentiers