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Méliador

645 « Et vous pri que me reprendés
« Sus l’estat que vous m’aprendés,
« Car je suis o vous pour aprendre,
« Endoctriner et a reprendre,
« Ne point je ne pense a tel chose.
650 « J’aroie ossi chier une rose
« Que l’amour de nul chevalier.
« Se je l’ai peüt recueillier
« Liement en vo compaignie,
« Pour ce, voir, n’i pensoie mie
655 « Non plus que j’ai fait .iii. ans a. »
Florée a tant la le laissa
Qui se tient pour toute avisée
Que, si Camelz sus la contrée
Cevauce et jusqu’a laiens viegne,
660 Elle voet que bien li souviegne
De ce qu’elle a compté et dit.
Oïl ! Puis ne targa petit
Que messires Camelz s’en vint
Chevaucant, et le chemin tint
665 De Montgriès, et vint a la porte.
La damoiselle, qui fu forte
De son pourpos, le fist ouvrir ;
Mais sa cousine fist issir
De la voie, et tantost entrer
670 En une cambre et enfremer.
Florée recueilli moult biel
Le chevalier en son chastiel,
Li quelz demanda d’Ermondine,
En disant : « Ou est vo cousine ?
675 « Pour quoi ne se tret elle avant ? »
Et Florée li met devant f. 6 b
Qu’elle est malade et dehetie,
Et l’a esté celle nuitie
Si fort que sus l’ain d’estre morte.
680 Camelz de ce se desconforte