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BIOGRAPHIE

vérité de l’œuvre, si comme fame et renommée couroit.

(T. iii, p. 116.)


Je, auteur de celle histoire, qui pour ce temps séjournai à Abbeville pour ouïr et savoir les nouvelles.

(T. iii, p.)


Et vous dis acertes que, pour faire ces chroniques, je fus en mon temps moult par le monde, tant pour ma plaisance accomplir et voir les merveilles de ce monde, comme pour enquérir les aventures et les armes, lesquelles sont escriptes en ce livre. Si ai pu voir, apprendre et retenir de moult d’états ; mais vraiment, le terme que j’ai couru par le monde, je n’ai vu nul haut seigneur qui n’eût son marmouset, ou de clergé, ou de garçons montés par leurs gengles et par leurs bourdes en honneurs, excepté le comte de Foix ; mais cil n’en ot oncques nuls, car il étoit sage naturellement ; si valoit son sens plus que nul autre sens que on lui put donner. Je ne dis mie que les seigneurs qui usent par leurs marmousets soient fous, mais ils sont plus que fous, car ils sont tous aveugles et si ont deux yeux.

(T. ii, p. 418.)


31 ans. 1368. Il retourne en Angleterre.
Il va à Milan et assiste aux noces de Léonel, duc de Clarence avec la fille de Galéas Visconti. Chaucer et Pétrarque y étaient aussi.
Il va en Savoie et revient à Milan.
De Milan il va à Bologne, Ferrare et Rome.
Il revient d’Italie en France par l’Allemagne.
Il est nommé curé de Lestines.
Il était à Bruxelles en 1370.

Si étoient bien vingt-quatre ans passés (c’était en 1394) que le dit chevalier Richard de Stury ne m’avoit vu, et la derraine fois ce fut à Collebergh à Bruxelles, en l’hôtel du duc Wincelant de Brabant et de la duchesse Jeanne de Brabant.

(T. iii, p. 204.)


1372. — Il était en Brabant et composa une pastourelle en l’honneur du retour du duc Wenceslas de Brabant, frère de Charles IV, dans ses états. Wenceslas avait été fait prisonnier le 22 août 1371 à la bataille de Bastweiler par le duc de Juliers. Il fut délivré l’année suivante. Voici la pastourelle.

PASTOURELLE.

Entre Binch et le bois de Brainne,
En l’ombre d’un vert arbrissiel
Vi bregeretes en grant painne,
L’autre jour pour faire un chapel.
Et là disoit la fille Ansel :
« Ce chapelet, quant fait l’aurons,
A qui or le présenterons ?
Je le donrai en droit de mi
A Sobelet mon doulc ami,
Qui me dist hier au soir en riant,
Que le duc r’avons, Dieu merci !
De Lussembourc et de Braibant. »

Et dont li respondi Helainne :
« Cil parler me sont moult nouvel ;
Car on disoit l’autre ier à Brainne,
Qu’on le tenoit en un chastiel ;
Car il de glave et de coutiel,
Comme nobles et vaillans homs
À ceuls de Villers et des Mons,
Et de Gerles se combati :
Et le duc avoit avec li,
En arroi noble et souffisant,
Maint chevalier preu et hardi
De Lussembourc et de Braibant.

T’esbahis-tu, se je me sainne,
Quant on tenoit un tel juiel
Que de Bar et que de Lorainne,
Et de Haynau li plus isniel,
Et di Namur li damoisel,
De France et d’autres nations,
Escuiers, chevaliers, hurons,
De combatre prest et garni,
Ensi que recorder oy,
Et au jour dont on parla tant,
Le duc que tu rament ois ci
De Lussembourc et de Braibant.

« Or nous di qui le nous ramainne ;
Car, foi que doi à Saint Marcel !
N’oy parolles de sepmainne,
Qui me venissent si à bel. »
À dont respondi Ysabel :
« Par la puissance le ravons
L’emperéour qui tant est bons,
Son frère qu’oncques je ne vi,
Mès on dist, et il est ensi
Que cils que j’ai nommé devant,
À la ducoise le rendi,
De Lussembourc et de Braibant. »

« Il n’est chose riens plus certainne, »
Ce dist la touse dou hamel,
« Que nous ravons no capitaine.
Le duc au corage loyel,
Qui est issus de sang royel ;
Dont bien resjoïr nous devons,