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OBSERVATIONS SUR CETTE NOUVELLE ÉDITION.

même. J’ai déjà publié en un volume ses poésies les plus intéressantes. J’en ai extrait ce qui le concerne lui seul, et y ai ajouté quelques pastourelles historiques que je n’avais pas publiées dans mon premier volume. J’ai pensé que cette auto-biographie aurait plus de prix pour ses nombreux admirateurs que la biographie la plus exacte qui viendrait de tout autre.

La biographie de Jean-le-Bel, son guide, tirée du Mémorial des nobles de Hasbaie, par d’Hemricourt, écrivain du quatorzième siècle, suit celle de Froissart.

Enfin, pour qu’il ne manquât aucuns matériaux à ceux qui voudront le mieux connaître, j’ai terminé cette auto-biographie par une chronologie composée des événemens politiques de son temps et des événemens de sa propre vie. On verra mieux comment ces grands faits ont pu agir sur sa mobile imagination.

Le tout est terminé par une table chronologique de tous les faits contenus dans les quatre livres des Chroniques.

Ces devoirs d’éditeur consciencieux ainsi remplis, il m’est permis, je le pense, d’énoncer un vœu qui a sa source dans la sincère admiration qu’a fait naître en moi une longue et scrupuleuse étude de sa personne et de ses ouvrages, c’est qu’une tardive justice lui soit enfin rendue, et que la ville de Valenciennes, qu’il a honorée par sa naissance, lui élève enfin un monument digne de lui. Une rue de cette ville porte déjà son nom ; mais ce n’est pas assez : une statue de Froissart doit s’élever sur la grande place de cette ville aujourd’hui si riche et si active, pour prouver à tous que les progrès de ses habitans dans tout ce qui concerne la prospérité matérielle ne lui feront jamais perdre le respect des richesses intellectuelles qui assurent, embellissent et dignifient la jouissance des premières. Déjà M. Aimé Le Roy, bibliothécaire de la ville, homme aussi distingué par ses lumières que par son caractère privé et ses qualités publiques, en a fait la proposition à ses concitoyens. Plus d’un habile artiste de la province offrira son concours dans cette œuvre patriotique, et le gouvernement français s’empressera, j’en suis certain, de seconder ce noble mouvement.

« L’exemple des récompenses, écrivait le roi goth Théodoric au sénat romain, est un aliment pour la vertu, et il n’est personne qui ne cherche à parvenir à la perfection morale, s’il voit qu’aucun de ceux qu’il a loués dans sa conscience n’est privé de distinction publique. »


J. A. C. Buchon.

Paris, 5 octobre 1835