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EXTRAIT DE LA PRÉFACE

générale de la maison de France, t. 1, p. 311 et 313.)

Ce manuscrit est le plus authentique de tous ceux que j’ai vus et le plus certainement ancien ; car on voit par la signature de G. Boisratier qui se trouve à la fin, que ce livre lui avait appartenu plusieurs années avant qu’il le donnât au duc de Berry en 1407.

No 8319. Premier volume. Manuscrit de la Bibliothèque du Roi, in-folio sur vélin, écriture de la fin du quatorzième siècle, ou tout au moins du commencement du quinzième siècle. Il contient 396 feuillets chiffrés d’une main moderne. Il est relié en bois couvert de veau, aux armes de France couronnées avec des F et des fleurs de lis, ce qui fait juger qu’il appartenait à François Ier.

Ce manuscrit est orné de miniatures très-bien faites et de vignettes de bon goût. La première miniature est divisée en deux tableaux ; dans l’un est représentée une bataille des Français contre les Anglais, c’est vraisemblablement la bataille de Crécy. On voit dans l’autre un combat des Anglais contre les Écossais : rien ne désigne quel est ce combat. Les titres des chapitres qui sont à peu près les mêmes que dans les manuscrits 8318, et les premières lettres des chapitres sont enluminées et rehaussées d’or. Les premiers feuillets contiennent une table générale des chapitres, après laquelle se trouve ce titre :

« Cy commencent les chroniques que fist maistre Jehan Froissart, qui parlent des nouvelles guerres de France et d’Angleterre, de Bretaigne, Escoce, Espaigne, lesquelles sont divisées en quatre parties. »

Ce manuscrit ne renferme que le premier volume de Froissart imprimé : il est divisé en quatre livres, dont voici le rapport avec l’édition de Sauvage.

MANUSCRIT. IMPRIMÉ.
Livres.
Pages.
Chapitres.
Pages.
 90,
vo 
165 
 81.
 186,
ro 
156, vers la fin 
 174.
 219.
 
121, au milieu 
 270.

Ce manuscrit finit par les mêmes mots que le manuscrit 8318, auquel il et parfaitement conforme, à quelques leçons près qui montrent que ces deux manuscrits n’ont point été copiés l’un sur l’autre. Ces manuscrits sont les plus anciens et les plus authentiques que nous ayons du premier livre de Froissart ; ils sont aussi les plus corrects.

No 8320. Manuscrit de la Bibliothèque du Roi, gros volume in-folio relié en bois couvert de velours bleu très usé, écriture du quinzième siècle, sur vélin, à deux colonnes, très gros caractères.

Ce manuscrit, composé de 433 feuillets cotés en rouge, contient le premier volume de Froissart. Il est précédé d’une table des chapitres, avec ce titre :

« Cy commence la table des rubriches des Croniques sire Jehan Froissart, de la guerre et l’occasion d’icelle qui fut longuement entre le roy de France et le roy Édouard d’Angleterre et plusieurs autres leurs successeurs. »

On lit au bas du dernier feuillet qui termine ce volume :

« Cy fine le premier volume de Froissart ; »

et sur un feuillet de vélin collé à la tête du manuscrit en dedans de la couverture : Bloys, et au dessous, Des histoires et livres en francois, Pulto (pulpitre) 6o contre la muraille de devers la court.

Les titres des chapitres sont écrits en lettres rouges, et les lettres initiales dorées et enluminées.

Le grand nombre de miniatures dont ce manuscrit est orné le rendent infiniment précieux : elles sont en général de bon goût, d’un dessin assez correct pour le temps, d’une grande fraîcheur de coloris et de la plus belle conservation. Les vignettes qui les accompagnent sont assez bien peintes, mais surchargées d’ornemens : le peintre y a souvent représenté des singes, des grotesques, des figures plus bizarres les unes que les autres. On voit dans quelques-unes des rouleaux chargés de cette devise : Plus est en vous. Les armes de France, pleines, qu’on trouve au bas de la plupart des vignettes font juger que ce manuscrit appartenait à quelqu’un des rois de France ; mais l’épaisseur et la grossièreté des couleurs, l’or mat des fleurs de lis, très différent de celui des miniatures et des lettres capitales, me portent à croire que ces armes ont été peintes après coup ; et qu’ainsi ce manuscrit pourrait bien n’avoir pas été originairement destiné pour le roi. Quoi qu’il en soit, les miniatures qu’il renferme sont extrêmement curieuses, parce qu’elles donnent une idée très nette du costume des hommes et des femmes des différens états dans le quinzième siècle, des habits de guerre, des armes, des machines, etc. Aussi le P. Montfaucon en a fait graver plusieurs dans les Monumens de la Monarchie française, t. 2 et 3, tels que l’entrevue d’Isabelle de France, reine d’Angleterre avec son frère Charles-le-Bel, la réception que firent les bourgeois de Nantes à Jean de Montfort et à sa femme, la bataille navale de Guernesey, la prise de Charles-le-Mauvais dans le château de Rouen, la bataille de Poitiers, le sacre du roi Charles V, etc.

Je n’ai pu voir sans surprise que le savant béné-