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GLOSSAIRE
DES MOTS FRANÇAIS DU QUATORZIÈME SIÈCLE DEVENUS HORS D’USAGE AU DIX-NEUVIÈME, AVEC DES EXEMPLES TIRÉS UNIQUEMENT DES CHRONIQUES DE J. FROISSART.



A


À, Atout (avec).
Abaubir (déconcerter). — Et la regardoit le roi si ardemment qu’elle en devenoit toute honteuse et abaubie.
Able (habile).
Ablement (habilement). — Combattant moult ablement.
Abrocher (éperonner fréquemment). — Les chevaucheurs chrétiens vinrent abrochant jusques à là.
Absol (absous). — Le roi de France les a absol de leurs mesfaits.
Absoldre (absoudre).
Abus (confus). — Adonc furent les inquisiteurs et le conseil tout abus. — Si fut tout abus.
Abusion (tourment, persécution). — Tant de mérancolies et d’abusions le prirent et aherdirent de tous lez qu’il entra en une frénésie.
Abusquer [s’] (se heurter).
Acarger (charger). — Et apporter et acarger sur les fossés.
Acater (acheter).
Accointer et Accointoier (se faire cointe, élégant, beau). — Et pour eux ajoliver et accointoier.
Accoler (embrasser ; d’où accolade).
Accommencer (commencer).
Accordable (qui peut être accordé).
Accoucher [se] (se coucher). — Le roi se accoucha malade. — Une maladie prit au connétable de laquelle il accoucha au lit.
Accouter (prêter attention). — À quoi ils accoutoient moult peu.
Accuse (accusation). — Et tout par accuse et par envie.
Acertener (assurer). — Ils furent informés et de vrai acertenés de la mise.
Acertes (sérieux, sérieusement).
Acesmé (paré). — Il n’y avoit en toute Gascogne écuyers si jolis, si beaux, si acesmés comme ils étoient.
Acesmement (parure, ornement). — Au voir dire c’étoit grand’beauté de voir leur contenement et acesmement.
Achapt (achat).
Achapter (acheter). — Afin qu’ils fussent achaptés bien et cher.
Acharier (transporter).
Achater (acheter).
Achevement (exploit).
Achiévement (exploit).
Achoison (occasion, cause), — À petite achoison il a saisi ses châteaux. — Je pris voie et achoison raisonnable d’aller devers, etc.
Achopper (trébucher). — N’a pas métier, s’il se trouve en bataille à l’encontre de nous, que son cheval achoppe, car s’il étoit pris, sa rançon ne seroit payée.
Acointer (devenir ami).
Acomminger (communier). — Et se acomingèrent les trois parts de l’ost.
Acomparager (comparer).
Acompter (songer).
Aconsuir (poursuivre, atteindre).
Aconvenancer (promettre, engager). — Le maronnier se aconvenança à lui.
Aconvoyer (accompagner).
Acoster (approcher). — Oncques charnellement messire Édouard n’acosta à li.
Acoursé (d’un cours réglé). — Si le voyage y étoit acoursé, les chrétiens y viendroient communément.
Acquerre (acquérir).
Acreu (obtenu à crédit ; d’accroire, confier). — Si ses gens avoient rien acreu, on seroit payé.
Adestrer (accompagner, être sur la droite). — Les seigneurs qui les litières de la roine et des dames devoient adestrer.
Adextrer (accompagner). — Le roi adextré de ses maréchaux.
Adhers (accusé). — Avant que Betisac fût néant adhers ni demandé. — Les amisses dont il est maintenant adhers et encoulpé.
Admirault (amiral). — Si fit dire à l’admirault et au connétable que ils, etc.
Adolé (attristé ; de dolere).
Adoubé (revêtu de toutes armes, offensives et défensives). — Trente compagnons bien armés et adoubés.
Adoulé (attristé ; de dolere).
Adresse (direction, redressement). — En eux vous trouverez toute adresse. — Il savoit toutes les adresses et les torses voies.
Adresser (redresser ; et prendre la droite ; le même qu’adextrer). — Et adressèrent la dite dame, messire Eustache d’Aubrecicourt et messire Jean d’Évreux.
Aduré (endurci à la fatigue). — Un moult aduré écuyer, vaillant homme aux armes.
Advenist (advint). — Il convenoit que ce advenist.
Advoer (avouer, approuver). — Voire ! dit le maire, qui jà étoit advoé du roi. — Tous lui eurent en convenant de l’advoer.
Advoeson (bail donné à un avoué).
Aelle (aile). — Et supportoit dessus ses aelles ceux de Paris.
Aerdre [s’] (s’allier).
Affaité (rempli plus qu’au faîte). — Le roi et la roine d’honneur et de largesse étoient si pleins et si affaités.
Affaité (informé, mis au fait). — Donc envoya par messages secrets et affaités de ce faire.
Affellonnir (s’irriter). — Si lui engrossa le cœur au ventre et affellonit grandement.
Affermer (conclure, signer ; d’où firm en anglais).
Afféroit [il] (il convenait ; d’afférir). — Trop bien savoit prendre où il appartenoit et remettre où il afféroit. — Il affiert. — Tant penser n’affiert pas à vous.
Affier [s’] (se fier). — Il s’affioit tant en sa puissance.
Affiner (finir). — Et auroit tôt cette guerre affinée.
Affoler et Affouler (estropier, maltraiter). Il en tua douze tous morts, sans ceux qu’il meshaigna et affola. — Et en y eut pour ce parti plusieurs morts et affolés.
Affourager (approvisionner de fourrages). — Et se pourroit-on émerveiller où on prenoit les fourrages pour affourager les chevaux.
Affrener (mettre un frein, retenir).
Affuir (fuir).
Agar (exclamation, pour : Voyez un peu ! On dit encore : Aga !). — Agar ! comme les Hainuyers nous réveillent !
Agré (gré). — Il vous vint en agré que vous partîtes.
Ahanier (laboureur, homme de peine, de ahan fatigue). — Si montoient