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xiv
GLOSSAIRE
oncques pour eslabler ni loger un cheval.
Estache (pieu, pilotis). — Encore étoient les estaches du pont en l’eau. — Dessous les fourches avoit un estache et une grand’chaîne de fer.
Estaindre (éteindre). — Le grand désir que l’on a aux choses estaind le sens.
Estal (place, demeure). — Et là rendirent estal les chevaliers, tout combattants.
Estamper (marcher, errer). — Ils ont tous estampé en ces marais.
Estançon (étai, pieu). — Sur six ou huit estançons ils auroient fait tantôt nouvelles maisons.
Estant (debout ; de stando). — Si j’en étois cru, il ne demeureroit en estant forte maison de gentilhomme. — Et furent le roi et les seigneurs en estant sur leurs pieds, en chambre de parement, près de deux heures, en oyant ménestrels de bas métier. — Il ne se put tenir en estant. — Et dit qu’il n’y lairoit ni châtel ni forte maison en estant.
Estaple (étape, du mot anglois staple, lieu d’entrepôt et d’examen). — Le maître de l’estaple des laines de toute Angleterre.
Estatut, Statut (loi, statut).
Estekis, Estequis (combat d’estoc). — Là eut bon estequis des uns aux autres.
Eslellé (étoilé). — À la première porte Saint-Denis y avoit un ciel estellé.
Ester (se tenir debout, rester). — Si vit devant lui ester messire Bertrand de Glaikin. — Adonc entra le comte en autres paroles et laissa certes ester. — Et laissa ester monseigneur Geoffroy.
Esteuf (éteuf, balle de jeu de paume).
Estiquer, Estoquer (combattre d’estoc, enfoncer). — Si estiquèrent devant eux un gros planchon. — Et commencèrent à estoquer sur ces chevaux.
Estoch, Estoc, Estocq (race). — Ces Bourgeois qui d’estoch et d’extraction avoient demeuré en la ville de Calais. — Vous êtes du droit estoc et génération de saint Édouard. — Laquelle venoit du droit estocq de Bretagne.
Estoffément (avec pompe).
Estoffer (fournir, approvisionner). — Quelque bonne prise dont nous estoffions nos superfluités et jolietés.
Estorber (troubler). — Il veut estorber ce royaume d’Angleterre. — Quand, sans loi et justice faire, il estorbe son royaume.
Estordre (arracher ; d’où extorsion).
Estorer (établir). — Notre loi est dès le commencement du monde faite et estorée. — Là où fut estorée la noble Table-Ronde.
Estouiller (débrouiller). — Jean Lyon qui ne tendoit qu’à entouiller tellement la ville de Gand envers le seigneur que on ne la pût estouiller.
Estour (combat). — Là eut un grand estour et dur. — Là, de petit de gens, eût fait bon estour.
Estourmie (mêlée). — Et ne se fut point la chose ainsi départie qu’il n’y eut autres estourmies, après les lances faillies.
Estourmir (attaquer, assembler en foule ; de turma). — Et chevauchèrent en la ville, et l’estourmirent grandement.
Estrain (paille ; de stramen).
Estraingne, Estraigne (étranger). — On lui dit que ce avoit été par la coulpe des chevaliers estraignes. — Trop volontiers il jangle et bourde à tous chevaliers estraingnes.
Estraindre (embarrasser, serrer). — La chose leur estraindoit. — Sitôt que Aymerigot tint la main du châtelain, il la tira à lui et l’estraindit moult fort.
Estraine, Estrine, Étrainne ; d’où Étrenne. — Je vous donne en bonne étrainne ce faucon.
Estranière (drapeau). — Si avoient dessus leurs mâts grands estranières à manière de pennons, armoyés des armes de Castille. — On feroit estranières de cendal si belles que merveilles serait à penser.
Estrasse (extraction). — Or je vous ai dit l’estrasse de messire Bertrand du Glay-Aquin.
Estremir (jouer de l’épée). — Il trait le coutel et commença à estremir.
Estrif, Estrivée (lutte ; à l’estrif, à l’envi). — Ils montoient sus à l’estrivée.
Estriver (lutter). — Nous ne sommes mie assez forts pour estriver contre la puissance du roi de France. — Il veut estriver contre l’aiguillon.
Estuart (intendant ; du mot anglois stewart). — Ce gentil chevalier avoit été un grand temps souverain estuart de l’hôtel du roi ; c’est-à-dire en françois, maître et sénéchal.
Estuper (étouffer). — Une couste de vieille toile enfumée pour estuper le feu.
Esvigourer (donner de la vigueur). — Ils travailloient moult à esvigourer leurs gens.
Esvoiturer (persuader, amener à persuasion). — Car dur sera à l’esvoiturer aux notonniers.
Esvoyé (sorti de voie, égaré). — Il est tout esvoyé et mal conseillé.
Étancher (soigner, sécher). — Et faites diligence qu’il soit étanché de ses plaies.
Étançonner, Estançonner (broncher). — Et férirent sur les targes si grands horions, que les chevaux étançonnèrent.
Étrange (étranger).
Eur (bonheur ; on dit encore : il n’y a qu’heur et malheur). — Ils eurent l’eur de passer oultre.
Evvous (voici). — Evvous le roi de Castille ! — Evvous venir chevauchant monseigneur Guichard de Beaujeu. — Evvous venir mon sire Guy de Gauville, monté sur fleur de coursier, la targe au col, le glaive au poing.
Exaulcer (élever). — Pour exaulcer notre foi. — Car toujours on exaulce les victorieux et abaisse-t-on les déconfits.
Excommuniement (excommunication).
Excusance (excuse).
Excusation (excuse).
Exemplier (donner exemple). — Ce fut une plaie envoyée de Dieu pour aviser et exemplier le clergé des grandes superfluités que ils fesoient.
Exil, Essil (destruction). — Et en mit encore grand’foison à exil. — Tout le pays fut allé en exil et à perdition.
Exiller, Exillier, Essiller (ravager).
Exurper (usurper). — Ils voient exurpé les grands profits du royaume de France.


F


Fagoter (faire des fagots). — On alla aux bois lointains et prochains et commença-t-on à fagoter à grand’plenté.
Faigny [il se] et Faindy (il s’épargna ; de faindre). Et il même à l’assaut ne se faigny mie.
Falloir, Faillir (manquer). — Il failloit. — Il faloit. — Il fauldra. — Il sauroit de ce peuple quelle chose il leur failloit.
Faim (désir). — À peine pouvoit le roi dormir, pour faim de voir celle qui puis fut sa femme.
Faing (foin).
Faindre, Feindre (dissimuler, se sentir faible, cacher son intention). — Cils qui nullement pour leur honneur ne se fussent faints.
Faint (faible) — Je ne vous le dis pas de faint courage.
Faintise (Faiblesse). — Par lâcheté ou par faintise de cœur.
Fais, Faix (quantité, monceau). — Si