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Et quant a parler de la joennesce des dames, damiselles et autres fames d’estat qui le peuent faire, peut l’on bien dire que a elles appartient de porter belles couronnes, cercles, chapiaux, perles, pierres, aneaulx, brodures, bien vestues et bien ornees de leurs testes et de leurs corps selon ce que chascune le a doit peut faire et peut appartenir de le faire miex assez qu’il n’appartient de les porter aus hommes, que les jeunes damiselles si s’en marient aucune foiz miex quant l’on les voit en bon estat et qui bien leur avient. Et celles qui sont mariees si se doivent mettre et tenir ou meilleur estat que elles peuent pour miex plair a leurs maris et pour estre plus convenablement entre les autres dames et damiselles. Et a fames d’estat appartient trop bien de estre es meilleurs estaz de riches aornemens sur elles et miex qu’il n’appartient aus hommes, que les biens des hommes et la cognoissance sont trop plus tost cogneuz et sceuz et en plus de manieres que la cognoissance des fames ne leurs biens ne peuent estre sceuz, car les hommes vont ou il veulent entre les gens et en plusieurs paÿs : ce ne font mie les fames. Et si peuent les homes jouster et tournoier : ce ne peuent mie les fames. Et si se arment les hommes pour la guerre : ce ne font mie les fames. Et vont et font en plus de compaignies que les fames ne peuent estre. Si appartient aus fames quer, pour ce qu’elles se tiennent plus es hostiex que les hommes ne font et po s’en partent et tant ne peuent avoir de cognoissance, que elles soient en meilleur estaz de leurs corps et miex aournees de joyaus et d’atours et de vesteures que il n’affiert aus hommes qui en tant de manieres peuent avoir la cognoissance des biens quant l’en les a faiz. Si doit l’en laissier aus dames et aus damiselles ces riches aornemens qui bien et trop miex leur sieent a porter sus elles que ne font aus hommes, car pour leur bonté et beauté et bonne maniere qui en elles sont, avecques tels aournemens comme desus est dit et qui bien leur avient et leur siet, a l’on cognoissance de elles. Si leur doit on laissier les riches aournemens pour elles. Dont yceulz qui ont volenté de bien faire, de quoy se peuent il miex parer