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appartenir a nul prestre ; car il sont en peril touz les jours, et la ou il cuident estre le plus asseur, c’est adonc que soudainement les convient armer et prendre plusieurs foiz de dures et perilleuses aventures. Et n’est ce dont de grant neccessité a teles bonnes genz d’armes que, quant il veulent prendre et vestir leurs armeures, qui se peuent et doivent bien appeller les armes de Nostre Seigneur quant l’en les pourte pour soustenir raison et droiture, que l’on les doye prendre et vestir vrais confez et repentans de touz ses pechiez, et les prendre et vestir en vraye et pure devocion, et prier a Nostre Seigneur qu’il leur pardoint leurs meffaiz et qu’i leur veille estre en aide ? Et trop bien leur appartient a requerir devotement l’aide de Nostre Seigneur a si perilleux service comme il appartient a faire a eulz en tel mestier d’armes, que a celi service n’appartient mie que se il se face es eglises qui sont belles et fors, ne raison n’est de le faire, ne es lieus seürs, mais convient que tieux services se facent et doient estre faiz enmi les champs si perilleusement comme a tel estat peut et doit appartenir, et, quant a ytel service faire, que il appartient de faire pour quoy teles genz s’arment ; et ceulx qui viennent a telx services contre ceulz qui le font n’y viennent point pour honorer ceulz qui sont chiefs de telz services faire, mais y viennent pour eulz tuer et desheriter ou deshonorer, s’il povoient, et pour prendre touz leurs biens, s’il en ont la poissance. Et par ainsi peut l’on trop bien cognoistre et savoir que telx services et ytelx mestiers, et lequel l’en peut trop bien faire et selon Dieu, est trop plus doubteux, perilleux et penibles a faire pour les corps et pour les ames que nulles autres genz qui soient ordenez a servir Nostre Seigneur en sainte eglise n’ont a faire ; car il ont et doivent avoir leur regle et ordenance de leur estaz et de leurs vies et de leurs services faire, ainsi comme il doivent et il sont tenus et seurement faire. Et ycelles bonnes genz d’armes ne peuent tenir nulle regle ne ordenance, ne de leurs vies ne de leurs estaz, fors que de touz jours amer et doubter Dieu et garder de lui courroucier et d’eulz estre en telz estaz come touz