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moult bele chose ; car, quant plus voit-l’en du bien et plus en doit-l’en savoir et parler et conseiller ès places là où l’en se treuve et en autres besoignes ; et pour ce sont-il bien à loer et honnorer. Combien qu’il soit petit compte de leur bien fait, n’y ont-il fait nul mal ; car grant chose est en tel besoigne du bien arrester et regarder, mais : ’’qui plus fait, miex vault’’.

Si m’estuet encore parler d’un autre estat de gens d’armes, qui bien sont à loer, qui ont bon corps et appert, hardis et bien travaillans, dont li aucun de ceulx sont volentiers tousjours des premiers en alant par manière de coureurs comme pour gaigner proye, prisons et autres biens sur les ennemis de ceulx avecques qui ils sont. Et moult bien, moult appertement et sagement le scèvent faire, et pour ce qu’il mettent leur entente sur le gaing, moult de fois leur avient que à l’entrée en une ville gaaingnée par force, ceulx qui si grant désir ont de gaigner, si se boutent çà et là et se départent de leurs compaignons qui n’entendent de rien à cela, fors que à parfaire leur emprise et leur fait. Et moult de fois avient que tels manières de gens qui courent et tirent ainsi aux grans gaings, sont tués en cela faisant, et ne scet-l’en moult de fois comment, une fois par leurs ennemis, l’autre par la rimour qui muet des uns aux autres pour gaigner. Et avient moult de fois par le deffault de ceulx qui courent aux grans gaings, avant que l’en soit au dessus de son fait, que l’on puet reperdre ce que l’en cuide avoir gaigné et les corps avec. Si peut avenir encores de tels gens qui grant volenté ont de gaigner, que, quant ce avient que l’en a à faire sur les champs, pluseurs sont qui regardent à prendre prisons et autre gaing, et quant il les ont pris et autres biens, ils ont plus grant volenté et désir de sauver leurs prisons ou leur gaaing que de secourir et aidier de mettre la journée à bonne fin. Et bien puet avenir que par tele manière peut-l’en perdre la journée. Et l’en doit bien doubter le gaing qui fait perdre honneur, corps et avoir. Et pour ce doit-l’en mettre en ce mestier plus son cuer et s’entente à l’onnour, qui tous temps dure, que à proffit et gaing que