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4 Poëmes tristes

Au loin, les aboiements lugubres des molosses
Déchiraient l'air glacé, tandis que, pleins d'ennui,
Les lions dédaigneux, ainsi que des colosses,
Projetaient, en passant, leur grande ombre sur lui.

Les tigres, ne sachant où trouver leur tanière,
Etaient venus lécher ses pieds tout en dormant,
Et, balançant leur queue ainsi qu'une crinière,
Poussaient, sans l'éveiller, un long rugissement.

On voyait des oiseaux au fond des solitudes
Dormir sous les rayons de lune réchauffants,
Et des serpents, avec de molles attitudes,
Rêver, les yeux ouverts, doux comme des enfants.

Les larges éperviers et les aigles énormes,
Et les cygnes glacés aux regards nébuleux,
Voyaient se refléter leurs magnifiques formes
Dans les fleuves d'argent que la nuit faisait bleus.

Et le Seigneur, caché derrière les blancs voiles
Que les nuages font dans le ciel endormi,
Regardait lentement de ses yeux pleins d'étoiles
Les animaux auprès de l'Homme, leur ami.