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I

LA VIPÈRE


 
J’ai dans le fond du cœur une vipère, dont
L’horrible dent me mord sans trêve ni pardon,
Élargissant, creusant et rouvrant la blessure,
Plus forte à chaque instant et toujours à mesure
Buvant le sang le plus glorieux de mon cœur.
Et maintenant cet être affreux est mon vainqueur.
Je me souviens. Étant jeune, un soir de décembre,
Je vis cette vipère horrible dans ma chambre
Qui me considérait avec ses grands yeux creux
Et promenait sur tous mes membres douloureux