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Et dans ce frisson qui me noie
Ou dans cette immense chaleur,
De l’un vient toute ma douleur
Et de l’autre toute ma joie.

L’un est la grande nuit de Dieu,
L’autre est la lumière et la gloire ;
L’un est beau comme la mort noire,
L’autre est doux comme l’amour bleu.

Yeux gais ou tristes selon l’heure,
Double miroir du double esprit,
En vous j’ai tout ce qui sourit,
Comme aussi j’ai tout ce qui pleure ;

En vous j’ai toutes les beautés,
Les chants, les mirages sans nombre ;
En vous aussi j’ai toute l’ombre
Dont la mort clôt les voluptés.

Je vous adore, ô grandes urnes
Où je bois la force et l’amour ;
Je vous adore loin du jour,
Mes bonnes étoiles nocturnes !