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Sextine

Où, brûlé de désirs, je me tordais autour
De tes pieds, inflexible et dédaigneuse amante,
Prêtresse que le Dieu fatidique tourmente !

Le vent qui hurle et qui gronde dans la tourmente
Éveille dans nos cœurs le spectre de l’amour.
Vois-le grandir brillant et grave, ô mon amante,
Dans ta poitrine d’heure en heure plus charmante
Et dans tes vastes yeux où montent tour à tour
La noirceur de la nuit et la blancheur du jour.

Maîtresse, vois, la nuit nous recouvre ; le jour
Est un tyran dont l’œil impassible tourmente
Les cœurs passionnés et brûlants ; mais le tour
De la nuit est venu, du rêve et de l’amour.
Endormons-nous aux bras l’un de l’autre, charmante
Maîtresse des désirs, irrésistible amante !

L’homme ne souffre plus aux bras de son amante ;
Il ne ressent plus rien des misères du jour ;
Il rêve et, dans la nuit radieuse et charmante