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XIII

LE SOIR SILENCIEUX


 
Attendons que le soir tombe. Le bruit m’obsède,
Le bruit tumultueux des villes ! Attendons
Pour nous aimer la douce heure des abandons,
L’heure où la vierge heureuse et forte à l’homme cède.

Le soir, le confident des âmes, le remède
Des voluptés, l’ami des cœurs plein de pardons,
Le soir descend, voici qu’il descend ; étendons
Nos deux corps accablés d’amour sur le lit tiède.

Avant, clos les volets, clos les fenêtres, clos
Les rideaux. Défaillons ensemble, dans les flots
D’une voluptueuse et morne somnolence.

Oh ! quel rêve ! ne plus entendre, ne plus voir,
Mourir ! Oh ! ne dis pas un mot ! Que le silence
Nous enveloppe avec les ténèbres du soir.