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Diamantés où luit l’orgueil d’être ses sœurs ;
Et les arbres, les grands arbres pleins de douceurs
Adoucissent pour sa chère tête la flamme
Du soleil, et, troublés jusqu’au fond de leur âme
Par l’immense grandeur de sa marche, lui font
Des aveux qu’elle écoute avec un air profond ;
Et l’herbe, qu’elle foule avec toute sa gloire,
Tremble au contact sacré de ses jambes d’ivoire ;
Et toute la forêt divine en tressaillit ;
Et par moments le clair ruisseau d’ambre jaillit
Plus amoureusement sur ses pieds blancs qu’il baise,
Se faisant doux afin que sa douceur lui plaise,
Et dans le pur cristal de ses flots bleus, pareils
À des miroirs, reflète encor ses yeux vermeils,
Son front noble, et sa bouche inviolable, et même
Ses longs cheveux de marbre et le clair diadème
De diamants que j’ai fait descendre sur eux,
Un soir ! Fière au milieu des arbres amoureux,
Elle marche parmi les souffles qui l’effleurent.
Les forêts, où les vieux saules nuit et jour pleurent,
Comprennent mieux que les cœurs des Hommes combien
La Femme, dont la chair embaume, est le seul bien
Qu’on ait sur cette terre ingrate ; les Bois tristes
Sont plus que nous émus par les yeux d’améthystes,
Et même après l’ennui profond des froids hivers
De telles femmes sont l’orgueil des chênes verts.