Page:Froger - À genoux, 1878.djvu/260

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Alors à ce sommet de lumière profonde,
Si vous sondez l’horreur des âges engloutis,
La tête dans les cieux et les pieds sur le monde,
Ne dites pas de nous que nous fûmes petits.

Nous sommes dans un siècle où la grandeur humaine
N’a pas encor pendant assez de jours vécu.
Quand l’âme est comme un chien servile que Dieu mène,
Le corps a beau lutter, l’Homme est toujours vaincu.

Nous avons été vieux avant l’âge peut-être,
Faibles dans le combat, froids et dégénérés ;
Mais du moins, Idéal, et toi, l’éternel maître,
Ô Chimère, toujours tu nous as enivrés,

Et nous avons lutté quoique remplis de crimes,
Lutté sereinement pour nos rêves de feu,
Et creusé sur le bord des flamboyants abîmes
Le chemin par lequel vous monterez vers Dieu.