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De tant d’âme et d’éclat, traînant depuis mille ans
Nos pas pesants, hautains et durs, et dans nos lents
Voyages retrouvant sur ces plaines sacrées
Les palmes d’autrefois déjà considérées ;
Forts de la force horrible humiliée et fous
Du rêve inviolable et chaste, devant tous
Les hommes, par un fier et grand battement d’ailes
Escaladant, ainsi qu’on fait des citadelles,
Le haut mur de blancheur, d’amour et de vertu
Que depuis sept mille ans on n’a pas abattu
Encore. Et c’est dans la divine bataille, ivre
De rêve, qui dans l’air primordial se livre.
Nous voici tous, guerriers superbes, lutteurs noirs,
Sur les foules, sur les peuples morts, dans les soirs
Nébuleux nous lever comme des rêveries,
Au milieu des vallons mystiques, des prairies,
Des lacs pâles teintés de violet pareils
À de lointains couchants d’automne, des soleils
Magnifiques où luit l’idée inexprimable
Et douce, de l’azur clair et de l’adorable
Ciel plein d’astres où Dieu fait paître le troupeau
Des Anges.

Des Anges. Et voici dans nos mains le drapeau,
L’oriflamme des grands chocs d’armes jaune et blanche
Qui vibre dans l’air bleu comme une grande branche ;