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Et m’étant approché, je vis qu’elle était close,
Close comme à la nuit de séparation.
Et je me rappelai l’ancien rideau rose
Où tant de fois j’ai vu comme une apothéose
Surgir la magnifique et grande vision.

Et derrière l’ancien rideau rose, sereine
Et splendide, la Fée aux yeux de diamant,
Avec sa toque jaune et son grand vêtement ;
Et la chambre où l’odeur de sa chair souveraine
S’était épanouie impérissablement !

Ah ! depuis que les nuits ont cessé d’être bonnes,
Que de fois dans la rue ancienne je reviens
Attendre encor la plus splendide des madones,
Avec de grands sanglots tristes et monotones,
Plus misérable et plus vagabond que les chiens !

Attendre ! et regarder longtemps, dans la lumière
Des réverbères bleus qui vibrent sombrement,
Sur le mur que parcourt un long frémissement,
L’ancien rideau rose abandonné, derrière
La fenêtre fermée irrévocablement !