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Elle est l’urne de vie ardente et délectable
D’où toute divine liqueur
Se développe ainsi qu’un fleuve intarissable
Et se disperse dans le cœur.

Elle rend l’âme aux corps farouches et funèbres ;
Elle a le pouvoir chaleureux
D’apparaître plus blanche au milieu des ténèbres ;
Et, comme un arbre généreux

Qui n’a qu’à secouer ses branches vers le faîte
Pour que ses fruits tombent pressés,
On dirait qu’elle n’a qu’à remuer la tête
Pour en taire choir les pensers.

Et puis, ou faible ou forte, ou clémente ou haineuse,
Qu’elle dicte ou souffre la loi,
Elle est d’une splendeur tellement lumineuse
Qu’on la sent toujours près de soi.

Vous m’avez emporté sur la haute montagne,
Seigneur, parmi les astres d’or ;
Je n’apercevais plus le bois ni la campagne ;
Elle, je la voyais encor.