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L’un dit : — « J’ai cherché le silence
Et la grande paix autrefois
Près des mers belles d’indolence,
Au fond des déserts et des bois.
Les seuls frissons du vent sonore
Erraient au milieu de la nuit.
Le silence est plus grand encore
Dans ma tombe où rien ne bruit. » —

Un autre dit : — « Moi, sur la terre,
Ce que j’aimais, devenu vieux,
C’était la grande brume austère
Que la nuit jetait sur mes yeux ;
Mais souvent la lumière blonde
Des astres égayait mon deuil.
Oh ! la nuit est bien plus profonde
Sous les planches de mon cercueil ! » —

— « Les monts où j’étais, dit un autre,
Sont couverts de neige ; c’était
Un pays bien froid que le nôtre,
Où l’on gelait et grelottait.
Quand je suis entré dans la couche
Où les morts dorment à l’étroit,
Nul frisson n’a crispé ma bouche.
Pourtant il y fait bien plus froid ! » —