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XVIII

LA GRANDE LUTTE


 
L’Amour et la Raison se sont livré bataille.
L’un jeune, n’ayant d’autre arme que sa beauté ;
L’autre vieux, mais casqué de bronze, redouté
Pour son courage et pour la hauteur de sa taille.

Les coups pleuvent, serrés, comme dans la broussaille
Pleuvent les moucherons sous les soleils d’été.
Les poings crispés, les bras tordus, pleins d’âpreté ;
Et la terre s’emplit de sang à chaque entaille.

Lorsque le ciel s’allume, ils combattent encor.
Alors l’Amour, levant vers l’autre son front d’or,
Lui dit : — Reposons-nous ! Vois mes yeux que dévore

La lassitude ! Vois : j’ai du sang plein la main !
Nous recommencerons à nous battre demain ! —
Mais la Raison lui dit toujours : — Luttons encore !