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Le son de la musique est cher aux âmes fortes.
Il est comme un écho des frivolités mortes
Que l’avenir farouche et noir remplacera ;
Il est ce qu’on perdit et ce qu’on admira ;
Il est ce qu’on écoute avec toute son âme,
Le rire d’un enfant, le baiser d’une femme,
Le souvenir d’un temps déjà vieux et glacé,
Le rêve du présent et l’amour du passé.

Plus tard, quand la tristesse et l’âge en qui tout sombre,
Quand ces deux noirs lutteurs de la bataille sombre
T’auront enfin brisée avec leurs fiers défis,
Tu te rappelleras ces vers que je te fis.
Et cela te fera sourire, ô ma Maîtresse,
De songer qu’en un temps d’opprobre et de détresse
Où chacun d’un côté désavouait son roi,
Moi, dans l’ombre, à genoux, je n’adorais que Toi.