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vant ce seul fait, qu’à toutes les époques ce sont les peuples qui constituent les États, et que partout nous trouvons un peuple qui en forme la base. On a essayé quelquefois dans les États à esclaves de l’Amérique, par exemple, de réunir de grandes masses d’hommes, sans égard à leur origine. Mais ces essais ont eu des conséquences funestes, et l’organisation de l’État a rencontré des obstacles insurmontables. J’opposerai donc aux partisans de cette opinion que, dans l’origine et d’après la nature même des choses, tous les États ont été formés au sein du peuple, par le peuple et pour le peuple.

D’autres nous représentent la création de l’État comme un acte des volontés individuelles, comme l’effet d’un contrat, système dont les conséquences sont aussi pernicieuses que fausses. Ainsi, on suppose que, si les individus ont trouvé bon de former un État, ils auraient pu aussi bien n’en pas former du tout ou s’incorporer à un autre État, ou bien enfin adopter une autre constitution. Sans rappeler ici ce que j’ai dit de l’unité naturelle des peuples et de ses conséquences nécessaires, je remarquerai seulement que là où une pareille convention est possible, l’État existe infailliblement et de fait et de droit ; dès lors, il ne s’agit plus de sa composition première, mais de sa décomposition. Ce système erroné repose sur une double méprise. Les nombreuses variétés