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tient à un besoin accidentel ; que, loin d’épuiser l’essence de la chose, cette forme suppose une réalité plus profonde, c’est le rapport de droit dont chaque droit n’est qu’une face diverse considérée abstractivement ; ainsi, un jugement sur un droit spécial n’est vrai et raisonnable que s’il dérive d’une vue complète du rapport de droit. Ce rapport a une nature organique qui se manifeste, soit par l’ensemble de ses parties constitutives qui se balancent et se limitent mutuellement, soit par ses développements successifs, son origine et ses décroissements. Cette reconstruction vivante de l’ensemble, un cas particulier donné, forme l’élément intellectuel de la pratique, et distingue sa noble vocation du simple mécanisme que l’ignorance lui attribue. Mais, afin de ne pas laisser ce point important à l’état d’abstraction, je crois bon de montrer, par un exemple, l’étendue des conséquences qu’il renferme. Voici l’espèce d’une loi célèbre, la loi frater a fratre (L. 38, xii, 6) : Deux frères étant sous la puissance paternelle, l’un emprunte à l’autre une somme d’argent, et la rend après la mort du père. Maintenant on demande s’il a droit de répéter cette somme comme indument payée. Y a-t-il ou non condictio indebiti ? Telle est la seule question soumise à l’appréciation du juge ; mais, pour la résoudre, il doit embrasser l’ensemble du rapport de droit, qui se décom-