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qu’aux décrets ; il ne pouvait même en être question. Si, par exemple, un héritier testamentaire soumettait à l’empereur un testament dont la validité fût douteuse, et que l’empereur reconnût, par un rescrit, la validité du testament, l’héritier testamentaire pouvait opposer ce rescrit à tous les héritiers du sang ; car il n’avait pas eu besoin de nommer dans sa demande un seul contradicteur.

Si les rescrits n’avaient pas force de loi générale, c’étaient du moins de graves autorités[1]. D’abord, on n’aurait pu leur ôter ce caractère, et cela n’était pas même désirable. Les rescrits favorisaient merveilleusement le développement du droit, et le Digeste nous montre que les anciens jurisconsultes ne manquaient pas de s’en aider. L’influence des mauvais rescrits offrait peu de dangers, car leur caractère d’autorité mo-

  1. Ces mots, legis vis, employés par Gaius et Ulpien, sont entendus par plusieurs auteurs dans le seul sens d’autorité, mais certainement à tort. Les jurisconsultes romains s’exprimaient avec plus de précision. S’ils eussent pris ces mots, vis legis, dans le sens vague et général d’influence, d’autorité, Gaius n’eût pas oublié d’attribuer le vis legis au jus honorarium, et § 7, au lieu de ne parler que des responsa prudentium, il eût ajouté l’auctoritas prudentium, qui était bien plus étendue. D’un autre côté, il ne faudrait pas, d’après le texte de Gaius (I, § 5), mettre sur la même ligne les rescrits et les édits. Gaius, § 7, donne aussi la vis legis aux responsa ; mais la suite montre clairement que les responsa n’ont force de loi que pour le cas auquel ils s’appliquent.