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cette bienfaisante autorité ? Là-dessus il est impossible de formuler une règle précise. Le nombre des auteurs d’accord sur un principe ne saurait entrer en considération, et il s’agit bien moins encore de compter les voix pour ou contre une opinion controversée. Il faut que tous les jurisconsultes ayant une réputation de sagesse et de science soient unanimes sur une opinion, et que nul d’entre eux n’ait à élever contre elle une objection grave et fondée. La nouvelle opinion doit donc avoir été pendant un certain temps l’objet de l’attention publique, sans qu’ici l’on pense à fixer un nombre déterminé d’années. En ce sens, on peut ranger un ouvrage théorique parmi les sources du droit ; car on lui reconnaît une origine certaine et légitime. Je citerai comme exemple la doctrine sur les deux degrés de fautes, qui, de nos jours, a obtenu l’assentiment universel dont avait joui si longtemps la doctrine des trois degrés. D’après ce qui précède, on voit que cette autorité ne fonde jamais rien d’une manière invariable et définitive ; car des recherches plus profondes peuvent toujours modifier la science, et les nouvelles doctrines sont tout aussi légitimes que les anciennes.