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l’intention. Dans un certain nombre de cas la personne ayant commis le lapsus était parfaitement consciente de sa cause. Dans les cas en apparence les plus simples et les plus manifestes, c’était une autre conception, mais à peu près semblable au point de vue tonal, des mêmes idées, qui était venue troubler l’expression de celles-ci, sans qu’on pût savoir pourquoi la dernière conception avait réussi à supplanter la première (les « contaminations » de Meringer et Mayer). Dans un autre groupe de cas, l’élimination d’une conception était motivée par une considération qui n’avait cependant pas été assez forte pour rendre l’élimination complète (voir le lapsus : zum Vorschwein gekommen) : ici encore la personne ayant commis le lapsus a conscience de la conception réprimée. C’est seulement à propos des cas faisant partie du troisième groupe qu’on peut dire sans restriction que l’idée perturbatrice ne se confond pas avec l’idée intentionnelle et qu’on peut établir, entre l’une et l’autre, une distinction essentielle. Ou l’idée perturbatrice se rattache à l’idée troublée en vertu d’une association (trouble par contradiction interne), ou bien il n’existe, entre les deux idées, aucune affinité interne, le mot « troublé » étant rattaché à l’idée perturbatrice, souvent inconsciente, en vertu d’une association extérieure, le plus souvent bizarre. Dans les exemples que j’ai cités et qui sont empruntés à ma pratique psychanalytique, tout le discours se trouvait sous l’influence d’une idée, devenue active au moment où le discours était prononcé, mais complètement inconsciente, et qui trahissait son existence soit par le trouble même qu’elle provoquait (Klapperschlange (serpent à sonnettes) — Kleopatra), soit par une influence indirecte, en mettant les différentes parties du discours conscient et intentionnel dans la possibilité de se troubler réciproquement (durch die Ase natmen au lieu de durch die Nase atmen (respirer par le nez) ; lapsus né à propos du nom d’une rue Hasenauerstrasse et en association avec le sou-