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« J’ai promis à mon frère de lui prêter une partie de ma collection d’illustrations que j’avais réunie en vue d’un travail scientifique. Il voulait les utiliser à titre de projections au cours d’une conférence. A vrai dire, je ne tenais pas beaucoup à ce que ces reproductions, que j’avais réunies avec beaucoup de difficultés, fussent présentées ou publiées avant que j’aie pu les utiliser moi-même. Mais cette idée n’a fait que traverser mon esprit, et j’ai promis à mon frère de rechercher les négatives des images dont il avait besoin et de préparer d’après elles les images à projections. Mais impossible de retrouver ces négatives. J’ai cherché dans toutes les boîtes renfermant les négatives se rapportant à mon sujet, j’ai eu à la main plus de deux cents négatives que j’ai examinées une à une, sans pouvoir mettre la main sur celles dont mon frère avait besoin. Je soupçonnais bien qu’au fond je ne tenais pas à lui rendre le service en question. Aussi bien, une fois devenu conscient de cette idée désagréable et l’avoir repoussée, je me suis aperçu que j’avais mis de côté, sans l’examiner, une des boîtes à négatives, celle-là précisément qui renfermait ce que je cherchais. Sur le couvercle de cette boîte figurait une brève indication de son contenu, et il est probable que j’avais jeté un rapide coup d’œil sur cette indication, avant de mettre la boîte de côté.

« L’idée désagréable ne semblait cependant pas tout à fait vaincue, parce que divers incidents ont encore retardé l’envoi des images. En nettoyant une des plaques de la lanterne, je l’ai laissée tomber à terre et se briser en mille morceaux (chose qui ne m’arrive jamais). Ayant préparé un autre exemplaire de cette même plaque, je l’ai encore laissé tomber, mais j’ai pu empêcher sa destruction, en l’arrêtant à temps dans sa course vers le parquet. Pendant que je montais les plaques de la lanterne, tout le tas tomba de nouveau à terre, sans qu’il y eût cette fois la moindre casse. Et, enfin, plusieurs jours se passèrent, avant que je