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d’avoir trouvé le billet de deux couronnes lui ayant procuré la satisfaction qu’elle cherchait, il est certain que le désir de trouver autre chose était devenu complètement étranger à sa conscience et ne pouvait plus, en tout cas, diriger et guider son attention. »

Il faut dire que ce sont justement les actions symptomatiques de ce genre qui nous ouvrent le meilleur accès à la connaissance de la vie psychologique intime de l’homme.

Sur le grand nombre d’actions symptomatiques isolées que je connais, j’en citerai une dont le sens profond se révèle sans qu’on ait besoin de recourir à l’analyse. Elle révèle on ne peut mieux les conditions dans lesquelles ces actions se produisent, sans que la personne intéressée s’en aperçoive et elle autorise, en outre, une remarque ayant une grande importance pratique. Au cours d’un voyage de vacances, il m’est arrivé d’être obligé de rester plusieurs jours dans le même endroit, pour attendre l’arrivée de mon compagnon. J’ai fait entre temps la connaissance d’un jeune homme qui semblait également se sentir seul et se joignit volontiers à moi. Comme nous habitions le même hôtel, il arriva tout naturellement que nous prenions nos repas et faisions des promenades ensemble. L’après-midi du troisième jour, il m’annonça subitement qu’il attendait le soir même sa femme qui devait arriver par l’express. Mon intérêt psychologique se trouva éveillé, car j’avais déjà été frappé dans la matinée par le fait qu’il avait repoussé mon projet d’une excursion plus importante et qu’au cours de notre petite promenade il avait refusé de prendre un certain chemin, parce qu’il le trouvait trop raide et dangereux. Pendant notre promenade de l’après-midi il me dit brusquement de ne pas retarder mon dîner à cause de lui, de manger sans lui, si j’avais faim, car, en ce qui le concerne, il ne dînerait pas avant l’arrivée de sa femme. Je compris l’allusion et me mis à table, tandis que lui se rendait à la gare. Le lendemain matin nous nous