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sors précipitamment pour mettre mon paquet dans la première boîte aux lettres. Chemin faisant, je me demande avec étonnement quelle peut bien être la cause de mon retard. Il est évident que je ne tiens pas à expédier les épreuves, mais je ne trouve pas le pourquoi. Au cours de la même promenade, j’entre chez mon éditeur de Vienne qui a publié mon livre sur les rêves et lui dis comme poussé par une inspiration subite : « Savez-vous que j’ai écrit une nouvelle variante du Rêve ? — Ah, pardon ! — Calmez-vous : il ne s’agit que d’une brève monographie pour la collection Löwenfeld-Kurella. » Il n’était pas rassuré ; il craignait un préjudice au point de vue de la vente du livre. Je cherche à lui prouver le contraire et lui demande finalement : « Si je vous avais demandé l’autorisation, avant d’écrire cette monographie, me l’auriez-vous refusée ? — Certainement non ! » Je crois, en ce qui me concerne, que j’étais tout à fait dans mon droit et n’ai fait que me conformer à l’usage ; il me semble cependant que ce fut la même appréhension que celle manifestée par l’éditeur qui a été la cause de mon hésitation à renvoyer les épreuves. Cette appréhension se rattache à une circonstance antérieure, et notamment aux objections qui m’ont été faites par un autre éditeur, lorsque, chargé d’écrire pour le « Manuel » de Nothnagel le chapitre sur la paralysie cérébrale infantile, j’ai reproduit dans ce travail quelques pages d’un mémoire sur la même question, paru antérieurement chez l’éditeur de mon Interprétation des rêves. Dans ce dernier cas, le reproche n’était pas plus justifié, car j’ai alors loyalement prévenu l’éditeur du mémoire de mon intention d’y emprunter quelques pages pour mon travail destiné au « Manuel » de Nothnagel. Mais en remontant la suite de mes souvenirs, j’évoque une circonstance encore plus ancienne où, à l’occasion d’une traduction d’un livre français, j’ai vraiment lésé certains droits de propriété littéraire. J’avais ajouté au texte traduit des