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de sa poche. Le soir, le domestique, tout joyeux, lui présente ses clefs. Il les a trouvées entre un gros livre et une petite brochure (le travail d’un de mes élèves), que mon malade voulait emporter pour les lire pendant ses vacances. Elles y étaient si bien cachées que personne n’aurait pu soupçonner qu’elles étaient là, et il lui a d’ailleurs été impossible de les replacer de la même manière, au point de les rendre tout à fait invisibles. L’habileté inconsciente avec laquelle des motifs inconscients, mais forts, nous font égarer un objet, ressemble tout à fait à l’« assurance somnambulique ». Dans le cas présent, il s’agissait d’une contrariété que le patient devait éprouver devant l’interruption forcée de son traitement, et la nécessité où il se trouvait de payer des honoraires élevés, malgré son mauvais état de santé. »

g) Pour faire plaisir à sa femme, raconte M. A. A. Brill, un homme consent à se rendre à une réunion mondaine qui lui était au fond fort indifférente. Il commence donc par retirer du coffre son habit de cérémonie, mais se ravise et décide de se raser d’abord. Une fois rasé, il revient vers le coffre, le trouve fermé et commence à chercher la clef. Ses recherches étant restées sans résultat, et devant l’impossibilité de trouver un serrurier, car c’était un dimanche, mari et femme sont obligés de rester chez eux et d’envoyer une lettre dans laquelle ils prient d’excuser leur absence. Lorsque l’armoire fut ouverte le lendemain matin par un serrurier, on trouva la clef à l’intérieur. Par distraction, le mari l’avait laissée tomber dans le coffre et avait refermé celui-ci qui était à fermeture automatique. Il m’assurait bien qu’il l’avait fait sans s’en rendre compte et sans aucune intention, mais nous savons bien qu’il n’avait aucune envie d’aller à la réunion. Il y avait donc une bonne raison à ce qu’il égarât la clef.

M. E. Jones a observé sur lui-même qu’après avoir beaucoup fumé, au point de se sentir mal à l’aise,