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même éditeur une préface (Vorrede, et non Vorräte) à un autre livre, préface dont on m’accusait ainsi réception. Voici donc quel devait très vraisemblablement être le texte exact du télégramme :

« Vorrede erhalten, Einleitung X. dringend. »
(Préface reçue, Introduction X. urgente).


Il est permis de supposer que la transformation du texte a été dictée au télégraphiste par le complexe « faim », et il a d’ailleurs établi entre les deux moitiés de la phrase une corrélation plus étroite que celle qui existait dans le texte authentique. Nous avons ici, en outre, un joli exemple de cette élaboration secondaire qui existe dans la plupart des rêves[1].

D’autres encore ont signalé des erreurs typographiques dont il est difficile de contester le caractère tendancieux. Je signale l’article de Storfer : « Der politische Druckfehlerteufel », paru dans Zentralblatt f. Psychoanalyse, II, 1914, et la notice parue dans la même revue (III, 1915) et que je transcris ici :

« Une erreur typographique d’un caractère politique se trouve dans le numéro du 25 avril du journal März. Une correspondance d’Argykastron fait connaître les opinions de Zographos, le chef des Épirotes insurgés de l’Albanie (ou, si l’on préfère, du gouvernement indépendant de l’Épire). Zographos aurait dit, entre autres : « Croyez-moi, le prince est plus intéressé que n’importe qui à l’autonomie de l’Épire, car c’est seulement sur une Épire autonome qu’il pourrait s’écrouler (stürzen)… » Que l’acception de l’appui (Stütze) que lui offrent les Épirotes ne pourrait que précipiter sa chute (Sturz)[2], c’est ce que le prince d’Albanie savait, sans avoir besoin pour cela

  1. Cfr. Traumdeutung, 5e édition, 1919. Section consacrée au travail de rêve, i.
  2. Cette erreur est donc fondée sur la confusion entre les mots Stütze(appui) et Sturz (chute) ; stützen (appuyer) et stürzen (s’écrouler). N. d. T.