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existe entre le mot du texte et le mot mis à sa place une ressemblance que le lecteur puisse transformer dans le sens qu’il désire. La lecture rapide, surtout avec des yeux atteints d’un trouble d’accommodation non corrigé, facilite sans doute la possibilité d’une pareille illusion, mais n’en constitue pas une condition nécessaire.

i) Je crois que la guerre, qui a créé chez tout le monde certaines préoccupations fixes et opiniâtres, a favorisé d’une façon toute particulière les erreurs de lecture. J’ai eu l’occasion de m’en assurer un grand nombre de fois, mais malheureusement je n’ai retenu, de toutes les observations que j’ai faites, que quelques-unes, peu nombreuses. Un jour, j’ouvre un des journaux de l’après-midi ou du soir et j’y trouve, imprimée en gros caractères, la manchette suivante : La paix de Görz. Mais non, la manchette annonçait seulement : Les Ennemis devant Görz (Die Feinde vor Görz, et non der Friede von Görz). A celui qui avait deux fils combattant sur le front, il était permis de commettre une erreur de ce genre. Un autre lit dans une phrase les mots « vieille carte de pain » (alte Brotkarte), mais s’aperçoit aussitôt qu’il s’est trompé et qu’il s’agissait en réalité d’un « vieux brocart » (alter Brokate). Il convient d’ajouter qu’il avait l’habitude de céder ses cartes de pain à une dame dans la maison de laquelle il était toujours reçu en ami. Un ingénieur, qui ne se trouvait pas suffisamment équipé pour résister à l’humidité d’un tunnel dont il dirigeait la construction, lit un jour, à son grand étonnement, une annonce de journal concernant des objets en « cuir de mauvaise qualité » (Schundleder). Mais les marchands sont rarement si honnêtes ; ce qui était à vendre, c’était des objets en « peau de phoque » (Seehundleder).

Ce sont la profession et la situation actuelle du lecteur qui déterminent la nature de son erreur. Un philologue qui, à la suite de son dernier excellent tra-