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nous préserver contre ces dangers qu’en donnant à nos observations une base aussi large que possible, grâce à la répétition des mêmes impressions, quelle que soit la sphère de la vie psychique que nous explorons.

Nous allons donc abandonner ici l’analyse des actes manqués. Je vais seulement vous recommander ceci : gardez dans votre mémoire, à titre de modèle, la manière dont nous avons traité ces phénomènes. D’après cette manière, vous pouvez juger d’ores et déjà quelles sont les intentions de notre psychologie. Nous ne voulons pas seulement décrire et classer les phénomènes, nous voulons aussi les concevoir comme étant des indices d’un jeu de forces s’accomplissant dans l’âme, comme la manifestation de tendances ayant un but défini et travaillant soit dans la même direction, soit dans des directions opposées. Nous cherchons à nous former une conception dynamique des phénomènes psychiques. Dans notre conception, les phénomènes perçus doivent s’effacer devant les tendances seulement admises.

Nous n’irons pas plus avant dans l’étude des actes manqués ; mais nous pouvons encore faire dans ce domaine une incursion au cours de laquelle nous retrouverons des choses connues et en découvrirons quelques nouvelles. Pour ce faire, nous nous en tiendrons à la division en trois groupes que nous avons établie au début de nos recherches : a) le lapsus, avec ses subdivisions en erreurs d’écriture, de lecture, fausse audition ; b) l’oubli, avec ses subdivisions correspondant à l’objet oublié (noms propres, mots étrangers, projets, impressions) ; c) la méprise, la perte, l’impossibilité de retrouver un objet rangé. Les erreurs ne nous intéressent qu’en tant qu’elles se rattachent à l’oubli, à la méprise, etc.

Nous avons déjà beaucoup parlé du lapsus ; et, pourtant, nous avons encore quelque chose à ajouter à son sujet. Au lapsus se rattachent de petits phénomènes affectifs qui ne sont pas dépourvus d’intérêt. On ne reconnaît pas volontiers qu’on a commis un lapsus ; il arrive souvent qu’on n’entende pas son propre lapsus, alors qu’on entend toujours celui d’autrui. Le lapsus est aussi, dans une certaine mesure, contagieux ; il n’est pas facile de parler de lapsus, sans en commettre un soi-même. Les lapsus les plus