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bénit le hasard qui lui a fourni l’occasion de venir en aide à une personnalité particulièrement remarquable. Si le médecin a l’occasion de parler à l’entourage du malade, il a le plaisir d’apprendre que la sympathie qu’il éprouve pour ce dernier est réciproque. Chez lui, le patient ne se lasse pas de faire l’éloge du médecin auquel il découvre tous les jours de nouvelles qualités. « Il ne rêve que de vous, il a en vous une confiance aveugle ; tout ce que vous dites est pour lui parole d’évangile », vous racontent les personnes de son entourage. De temps à autre, on entend une voix qui dépassant les autres déclare — « Il devient ennuyeux, à force de ne parler que de vous, de n’avoir que votre nom à la bouche ».

Je suppose que le médecin sera assez modeste pour ne voir dans toutes ces louanges qu’une expression de la satisfaction que procurent au malade les espérances qu’il lui donne et l’effet de l’élargissement de son horizon intellectuel par suite des surprenantes perspectives de libération qu’ouvre le traitement. Aussi l’analyse fait-elle dans ces conditions des progrès remarquables ; le malade comprend les indications qu’on lui suggère, il approfondit les problèmes que fait surgir devant lui le traitement, souvenirs et idées lui viennent en abondance, la sûreté et la justesse de ses interprétations étonnent le médecin qui peut seulement constater avec satisfaction l’empressement avec lequel le malade accepte les nouveautés psychologiques qui soulèvent généralement de la part de gens bien portants l’opposition la plus violente. À la bonne attitude du malade pendant le travail analytique correspond aussi une amélioration objective, constatée par tout le monde, de l’état morbide.

Mais le beau temps ne peut pas toujours durer. Il arrive un jour où il se gâte. Des difficultés surgissent au cours du traitement, le malade prétend qu’il ne lui vient plus aucune idée. On a l’impression très nette qu’il ne s’intéresse plus au travail et qu’il se soustrait d’un cœur léger à la recommandation qui lui a été faite de dire tout ce qui lui passe par la tête, sans se laisser troubler par aucune considération critique. Il se comporte comme s’il n’était pas en traitement, comme s’il n’avait pas conclu de pacte avec le médecin ; il est évident