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identification hystérique que nous connaissons depuis bien plus longtemps. Je voudrais déjà être à même de vous montrer les différences qui existent entre l’une et l’autre à l’aide de quelques exemples bien choisis. En ce qui concerne les formes périodiques et cycliques de la mélancolie, je puis vous dire une chose qui vous intéressera sûrement. Il est notamment possible, dans des conditions favorables (et j’en ai fait l’expérience à deux reprises), d’empêcher, grâce au traitement analytique appliqué dans les intervalles libres de toute crise, le retour de l’état mélancolique, soit de la même tonalité affective, soit d’une tonalité opposée. On constate alors qu’il s’agit, dans la mélancolie et dans la manie, de la solution d’un conflit d’un genre particulier, conflit dont les éléments sont exactement les mêmes que ceux des autres névroses. Vous vous rendez facilement compte de la foule de données que la psychanalyse est encore appelée à recueillir dans ce domaine.

Je vous ai dit également que nous pouvions, grâce à la psychanalyse, acquérir des connaissances relatives à la composition du moi, aux éléments qui entrent dans sa structure. Nous avons même déjà commencé à entrevoir cette composition, ces éléments. De l’analyse de la manie d’observation nous avons cru pouvoir conclure qu’il existe réellement dans le moi une instance qui observe, critique et compare inlassablement et s’oppose ainsi à l’autre partie du moi. C’est pourquoi j’estime que le malade nous révèle une vérité dont on ne tient généralement pas compte comme elle le mérite, lorsqu’il se plaint que chacun de ses pas est épié et observé, chacune de ses pensées dévoilée et critiquée. Sa seule erreur consiste à situer au-dehors, comme lui étant extérieure, cette force si incommodante. Il sent en lui le pouvoir d’une instance qui mesure son moi actuel et chacune de ses manifestations d’après un moi idéal qu’il s’est créé lui-même au cours de son développement. Je pense même que cette création a été effectuée dans l’intention de rétablir ce contentement de soi-même qui était inhérent au narcissisme primaire infantile et qui a depuis éprouvé tant de troubles et de mortifications. Cette instance qui surveille, nous la connaissons : c’est le censeur du moi, c’est la conscience ; c’est la même qui exerce la nuit la censure de rêves,